Vous connaissez sans doute ChatGPT, au moins de nom. Mais avez-vous déjà entendu parler de LegiGPT, le ChatGPT du droit Français? Il se distingue de son homologue sur deux points : il répond exclusivement à vos questions juridiques, et il a été développé par un Français !
Comment fonctionne cet outil conversationnel spécialiste du droit ?
1- LegiGPT : L’IA au service du droit
Qu’est-ce que LegiGPT ?
LegiGPT se présente comme un chatbot. Il a cependant été entraîné spécifiquement à répondre aux questions d’ordre juridique. En effet, son développeur, Steeve Morin, a intégré plus de 148 000 articles issus de tous les codes Français.
Ainsi, si vous lui posez une question ayant trait à un autre sujet que le droit, il peut vous répondre mais vous rappelle, avec une touche de sarcasme, que ce n’est pas sa mission :
Il faut savoir que, pour le moment en tout cas, LegiGPT n’intègre les articles que jusqu’au 17 avril 2022. N’espérez pas y trouver les articles issus des toutes dernières réformes.
LegiGPT d’abord basé sur le modèle de langage GPT3-5 d’Open AI, pourrait basculer sur le modèle GPT4. Il s’agira de la version LegiGPT+. Toutefois, selon l’aveu même de son créateur GPT-4 « est encore trop cher pour être proposé gratuitement ».
Cette intelligence artificielle n’a pas pour ambition de remplacer les professionnels du droit mais de se positionner en tant qu’assistant juridique personnel.
LegiGPT s’adresse aussi bien à toute personne ayant une question juridique, qu’aux professionnels du droit afin de leur permettre de gagner du temps dans leurs recherches.
Pour l’utiliser c’est très simple, il suffit de se connecter au site web ou à l’application mobile du service : https://legigpt.fr/. Il ne vous reste plus qu’à poser votre question !
Qui est le créateur de LegiGPT ?
Steeve Morin, le développeur de LegiGPT, évolue dans le monde des start-ups depuis plus de 10 ans et n’est pas à son coup d’essai en matière de développement d’application. En effet, il est notamment le fondateur de Zenly, un réseau social basé sur la géolocalisation, que Snapchat a racheté en 2017.
Concernant LegiGPT, il explique avoir eu cette idée au moment de la réforme des retraites. Surpris des propos parfois faux concernant la législation, il s’est dit qu’il serait intéressant de pouvoir facilement accéder au texte en vigueur. Il s’y est attelé en utilisant les modèles de langage, c’est-à-dire les GPT.
2- Quelles sont les applications de LegiGPT ?
Si le développeur indique que son chatbot n’a pas la prétention de remplacer les professionnels du droit, avocat ou juriste, il peut d’ors et déjà largement aider les Français au quotidien. Plutôt que de faire des recherches eux-mêmes sur les moteurs de recherche, il suffit de poser la question à l’outil conversationnel.
Vous pouvez lui poser des questions de droit, concernant n’importe quelle matière, qu’il s’agisse de droit civil, commercial, social ou encore de propriété intellectuelle. Nous vous rappelons que LegiGPT a ingurgité tous les articles de tous les codes Français !
Par exemple, vous souhaitez connaître vos droits en matière de droit du travail :
LegiGPT peut également proposer des modèles de lettres, de contestation ou pour faire valoir des droits. Toutefois, pour cet exemple, nous avons dû insister en reformulant plusieurs fois la demande. En effet, l’outil ne donnait que des préconisations de rédaction avec les articles de code, mais pas de modèle de lettre.
Ainsi, il donne d’abord les explications pour bien rédiger son courrier :
Avant de proposer une lettre-type :
En revanche, s’il n’a pas assez d’éléments pour élaborer un courrier, ou si le courrier ne peut être générique, l’outil donne des orientations et des conseils pour la rédaction. Souvent avec de l’humour d’ailleurs !
Parfois, c’est presque un sketch (et ça n’aide en rien !). Voici un exemple avec une lettre de démission :
La version LegiGPT+ (basée sur GPT4), devrait intégrer de nouvelles fonctionnalités comme la prise en compte des projets de loi, des ordonnances, des décrets, des arrêtés, ainsi que des exposés des motifs et de la jurisprudence. Elle sera donc beaucoup plus exhaustive.
3- Quelles sont les limites de LegiGPT ?
Si LegiGPT présente de nombreuses qualités, l’application se heurte à certaines limites. Soyez prudent dans votre utilisation de LegiGPT pour résoudre des problématiques juridiques, notamment pour les raisons suivantes :
- Pas d’information après le 17 avril 2022 : LegiGPT ne connaît rien au delà du 17 avril 2022. Comme chatGPT, l’application ne peut remonter d’informations postérieures à une certaine date. Si une modification de la loi a eu lieu, vous ne pourrez pas le savoir.
- Des erreurs dans les réponses: comme pour ChatGPT, LegiGPT a parfois des « hallucinations » et génère des réponses inexactes. De ce fait, si les informations fournies par LegiGPT peuvent être utilisées comme un point de départ pour les recherches, mieux vaut éviter qu’il ne devienne votre unique source d’informations juridiques. En effet, nous vous recommandons de toujours vérifier ses réponses en croisant les sources.
- Des sources de droit erronées : l’une des erreurs que peut commettre l’outil est de pointer sur un article qui n’est pas le bon. Il vous donne un argument correct, mais la mauvaise source de droit. Gênant !
- Absence de liens directs pointant vers les articles mentionnés dans les réponses : afin de vérifier que l’article mentionné est le bon, que le contenu de la réponse est pertinent, ou simplement pour avoir le texte exact de l’article en question, l’utilisateur doit rechercher lui même l’article (par exemple sur Legifrance).
Vous pourrez difficilement résoudre une problématique juridique réelle avec LegiGPT. Cependant, l’outil peut vous donner des pistes de réflexion très intéressantes. Le chatbot peut être utilisé comme une sorte d’encyclopédie intelligente par les professionnels du droit.
Avec GPT-4, LegiGPT devrait gagner en précision et en puissance. Il ne retourne déjà pas les mêmes réponses aux questions posées. Les réponses générées avec GPT-4 sont jugées globalement plus conformes par les experts en droit.
IMPORTANT :
Pour résumer, si vous n’êtes pas un professionnel du droit, et que vous n’avez aucun moyen de vérifier si les propos de LegiGPT son conformes, soyez prudent dans son utilisation.
Il peut toutefois vous donner des pistes de réflexion en cas de souci juridique.
Pour information, une autre application a été lancé au même moment, mais sans faire le même buzz :
Ordalie.tech, un chatbot juridique : proposé par Léa Fleury et Baudouin Arbarétier (une ancienne juriste et un développeur), la solution s’adresse aux professionnels du droit.
Leur objectif : optimiser le temps de travail afin de se concentrer sur des tâches à valeur ajoutée.