Temu est un site e-commerce Chinois qui inquiète les États et les populations.
Désormais, tous les mois, la plateforme de e-commerce génère 12 millions de colis.
Au total, Temu compte + de 93 millions d’acheteurs à travers l’Europe !
D’après les informations de La Poste, les sites de Ecommerce Shein et Temu représentent près de 22% des colis traités par le groupe Français, contre seulement 5% il y a 5 ans.
Le succès de Temu s’explique notamment par des prix de vente extrêmement bas. On parle d’ultra fast-fashion.
Or, le géant chinois semble représenter une véritable catastrophe à la fois pour l’environnement, les entreprises Françaises, mais aussi pour le consommateur.
1- Temu : une catastrophe environnementale
👉 D’un point de vue écologique, l’impact de Temu semble catastrophique :
- 9000 tonnes de marchandises transportées chaque jour, selon les calculs de Forbes, se basant sur ceux de Cargo Facts Consulting ;
- 88 boeing 777 mobilisés quotidiennement pour transporter ces marchandises ;
- 1/3 des avions-cargos longue distance du monde entier mobilisés pour Temu ;
- 6 000 kg de C02 émis pour chaque avion entre New York et Shanghai ;
- 1 million de vêtements produits chaque jour, soit l’équivalent de 15 000 à 20 000 tonnes de C02 émis ;
- 2700 litres d’eau sont consommés pour la production d’1 seul t-shirt.
La pollution générée par l’enseigne d’ultra fast-fashion est immense : gaspillage d’eau, millions de tonnes de C02 générées autant à la production des produits que durant leur transport … tout cela, in fine, pour des produits d’une piètre qualité dont la durée de vie très faible leur assure de venir grossir rapidement les millions de tonnes de déchets vestimentaires.
2- Une concurrence déloyale des entreprises Françaises
D’après les chiffres de la FEVAD, le e-commerce a encore atteint un record avec 175,3 milliards d’euros dépensés sur Internet par les Français en 2024, soit une hausse de + 9,6% sur un an,
Or, sur les plateformes e-commerce asiatiques à prix cassés comme Temu, le panier moyen n’est que de 20 €, contre 68 € pour le panel sondé par la Fevad en 2024. Cela pourrait lester le secteur à l’avenir, rapporte la Fevad.
En 2023, le groupe chinois PDD Holdings qui détient Temu a doublé son chiffre d’affaires et son bénéfice net a bondi de + 144% sur un an au deuxième trimestre. Avec plus de 18 millions de visiteurs uniques par mois , le site d’e-commerce Temu a vu son audience décupler.
« Des accords internationaux considèrent encore la Chine comme pays en développement »
Les ventes des sites français en baisse
Dans le même temps, des e-commerçants français voient la fréquentation de leur site et leurs ventes baisser à l’instar de Veepee ou CDiscount. La concurrence frontale avec l’enseigne chinoise a bien un impact négatif sur le e-commerce Français. Dans une période d’inflation et de baisse du pouvoir d’achat, de nombreux consommateurs se tournent vers ces enseignes à prix cassés. On ne peut pas leur en vouloir …
« Temu est exempté de droit de douane »
En revanche, il est légitime de réclamer un peu d’équité au législateur ! En effet, des accords internationaux considèrent encore la Chine comme pays en développement, et offrent des accords commerciaux extrêmement favorables aux entreprises Chinoises, comme Temu.
Par exemple, Temu est exempté de droit de douane pour tout colis d’une valeur inférieure à 150 €. De plus, l’enseigne chinoise Temu bénéfice d’un tarif de transport deux à trois fois moins élevé que les e-commerçants français.
Une concurrence déloyale
Cette concurrence déloyale nuit gravement aux entreprises françaises concernées, alors même que Temu semble déjà s’affranchir de bon nombre de réglementations européennes.
Enfin, Temu est actuellement perdant sur ses ventes et pressurise les vendeurs de la marketplace pour qu’ils vendent le moins cher possible.
Ainsi, beaucoup de fournisseurs chinois ne peuvent pas faire de marge suffisante pour dégager un profit. Ce modèle économique est à la fois déloyal pour l’économie européenne mais aussi pour les entreprises chinoises.
3- Temu : un danger pour les consommateurs
Plusieurs enquêtes ont été ouvertes par la Commission européenne à l’encontre de Temu. Elles concernent des pratiques commerciales déloyales comme de faux rabais ou des annonces trompeuses, des produits défectueux, mais aussi de la vente sous pression.
Une marchandise non conforme aux normes de l’Union Européenne
👉 Fin 2024, la Commission européenne a ouvert une enquête afin de vérifier le respect des normes UE des produits vendus sur la plateforme Temu.
Or, d’après le directeur général de la Fédération Française des Industries du Jouet, 95% des jouets vendus sur Temu peuvent être dangereux. En effet, un essai réalisé par l’association européenne des industries du jouet d’Europe a montré que 18 des 19 produits testés ne sont pas conformes à la législation européenne. Pire, ces 18 produits présentent un danger pour les enfants.
De nombreux autres tests visant à vérifier la qualité des produits ont donné les mêmes résultats catastrophiques en termes de sécurité.
Hélas, le logo « CE » attestant de la conformité des produits peut être apposé sans réaliser d’essais externes. Il suffit que le fabricant procède à des essais lui-même. Les produits Temu semblent ne faire qu’apposer le symbole sans procéder au moindre test de sécurité ! Les fabricants chinois ne donnent aucune garantie quant à la sécurité des produits qu’ils proposent sur la plateforme.
Enfin, en cas de produit défectueux, les clients n’ont pas de recours puisque le service clientèle est inexistant. Il semble impossible de parler à un support client ou de se faire rembourser.
Temu : des jeux pour rendre les clients addicts
👉 L’enquête de la Commission européenne vise également à examiner les risques liés à la conception addictive de l’application de vente en ligne.
Outre les prix dérisoires, une autre stratégie consiste à rendre accros les clients grâce à des algorithmes de personnalisation parmi les plus puissants du monde. A chaque visite sur l’application les consommateurs trouvent exactement ce dont ils ont ou pourraient avoir besoin.
Enfin, Temu utilise les jeux en ligne pour maintenir l’attention des clients et les pousser à la consommation. Ces programmes de récompenses ludiques sont accusés d’avoir « des conséquences négatives sur le bien-être physique et mental des utilisateurs ».
Certains clients jouent plusieurs heures par jour pour tenter de remporter des concours. Ils sont incités à partager leurs progrès sur les réseaux sociaux pour augmenter encore la visibilité de la plateforme. À chaque achat, les clients bénéficient d’avantages dans leur jeu. Une sorte de programme fidélité poussé à l’extrême !
Des données personnelles absorbées par Temu
Pour développer des stratégies marketing ultra personnalisées, les données personnelles des utilisateurs sont absorbées et analysées par la plateforme. C’est notamment grâce aux jeux en ligne que l’application récupère des données personnelles.
Temu a récemment lancé une campagne sur les réseaux sociaux en France, au Royaume-Uni et en Belgique pour littéralement payer les utilisateurs afin qu’ils transmettent leurs données personnelles. Il était question de les récompenser de 100 € en échange d’une utilisation de leurs données personnelles comme leurs opinions politiques ! Devant le tollé (et les risques de sanction en matière de RGPD peut-être ?), Temu a abandonné l’idée.
Conclusion
La tornade Temu cause de nombreux dégâts à travers le monde. Les consommateurs sont incités à « dépenser comme des millionnaires » pour des objets parfois dangereux pour la santé et désastreux pour l’environnement et nos enfants.
Le géant chinois, qui pressurise ses vendeurs et les fait parfois même vendre à perte, cause également une concurrence déloyale aux entreprises européennes. Il serait temps que des mesures soit prises pour endiguer ce flot de plus en plus massif de colis d’ultra fast-fashion chinoise.